En lisant "Folies à plusieurs" de Mikkel Borch-Jacobsen, on découvre, non un discours "enragé", mais, certes, "engagé". Il n’est pas possible, je le crois, pour un philosophe, un historien, un scientifique, qui souhaite avancer de manière sereine et objective dans la critique rationnelle de la psychanalyse et du freudisme, que de verser, tôt ou tard, dans un rationalisme critique qui devienne, en fait, "engagé". C’est bien cela, qui, grâce au regard déformant (et déformé) des défenseurs de la psychanalyse, subira une transformation politiquement correcte, pour devenir un rationalisme "enragé", donc, selon eux, plus rationnel du tout, et pouvant être récupéré sur le front du symptôme, donc du pathos, et, in fine, quelque chose de recyclable dans le giron de l’idéologie freudienne...
Mais pourquoi ne peut-on éviter un rationalisme critique "engagé" dès qu’il s’agit de discuter la validité de la psychanalyse, et la probité intellectuelle et morale de son père fondateur, Sigmund Freud ? C’est à cause des réactions de défenses bien connues des gardiens du temple : pathologisation, politisation, diabolisation des critiques. Accusation d’antisémitisme infondée (voir ce qui est arrivé à Jacques Bénesteau pour avoir osé écrire "Mensonges freudiens. Histoire d’une désinformation séculaire"), laquelle fut quand même indirectement soutenue par Mikkel Borch-Jacobsen en traitant le travail de Bénesteau de "pensée brune", en disant que le livre "lui est tombé des mains", et en concourant à l’éviction de Bénesteau du projet du "Livre noir de la psychanalyse", tout en réutilisant les idées de Bénesteau au sujet du cas Emma Eckstein, une patiente malheureuse (mais lequel des patients de Freud eut un sort heureux ??) de Sigmund...
Bref, il y existe, en France, tout une panoplie de procédés intolérables, qui relèvent aussi du terrorisme intellectuel, et qui sont dirigés invariablement contre tous ceux et celles qui osent s’attaquer au totem du freudisme, en violant ses tabous : faire usage du rationalisme critique, de l’épistémologie de Popper, de la critique historique et thérapeutique. Sans parler de la mauvaise foi, de cet art consommé consistant à biaiser le discours, à occulter les critiques, à les dénaturer, ou, comme le fait Elisabeth Roudinesco, à mentir et à diffamer de la façon la plus grossière.
...Mais les écrits de Mikkel Borch-Jacobsen, restent indispensables, malgré les autres petits méfaits de ce Monsieur, contre ceux qui pourtant partagent la même cause que lui.
"Folies à plusieurs" reçoit ma note de 9/10 (la perfection n’existe pas). On y apprend pourquoi l’inconscient de Freud n’est qu’un mythe fabriqué à deux : le patient et son thérapeute. On y apprend que Freud fut bien un menteur, un fabricateur de preuves. On y apprend comment les cerbères du freudisme font des pieds et des mains pour garder sous séquestres les archives de Freud, et moult autres choses qui ne peuvent contribuer qu’à éveiller les consciences sur ce qu’est vraiment Freud et SA psychanalyse.
..Si seulement on pouvait parler un peu plus du livre de Bénesteau, la vérité serait encore plus cinglante...
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