Du trouble de l’intentionnalité au trouble de l’identité
Suivant le travail phénoménologique de Husserl, l’auteur aborde dans cet article, le processus de constitution de l’intentionnalité, et sa nature bimodale effective aux niveaux de la conscience et du comportement. A l’aide de deux vignettes cliniques, il montre que la constitution intentionnelle est troublée chez le patient schizophrène, et entraîne une perte du sentiment d’identité. Larry Davidson montre que le schizophrène ne peut s’éprouver ni comme Je-agent ni comme Je-affecté. Sans proposer d’hypothèse étiologique ou génétique, il montre que ce qui vient troubler la conscience intentionnelle ne sont pas autre chose que les perturbations cognitives et hallucinatoires, souvent elles-mêmes repérables précocément en amont des productions symptomatiques de la maladie. Contre l’idée répandue qui voudrait que la phénoménologie husserlienne se réduise à une conception psychologique solipsiste de la subjectivité, Larry Davidson montre que le monde extérieur, le contexte social et culturel, sont d’emblée posés dans un rapport fondateur de l’expérience subjective. La constitution de la conscience comme expérience intentionnelle repose sur des processus créatifs et actifs, mais aussi réceptifs et passifs, qui structurent l’identité personnelle toujours en tension dans cette double polarité dynamique entre l’intérieur et l’extérieur.