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REVUE DE PSYCHIATRIE

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Séminaires, congrès, réunions  

MEDIATION SPORTIVE CHEZ LES PERSONNES AGEES

L'hôpital Henri Guérin a la particularité de disposer d'un service des sports constitué par un personnel qualifié (un infirmier titulaire du brevet d'état "Sport Adapté" ou ayant effectué des formations spécifiques et un éducateur sportif option "sport adapté").

A ce jour, quatre types d'activités y sont proposées.

  • Un travail dans le gymnase; il s'agit soit d'un travail de groupe soit de prises en charges individuelles.
  • Des activités de pleine nature telles que la randonnée pédestre, le ski de fond, le VTT, la voile et bientôt l'escalade.
  • Des rencontres inter-hôpitaux sous forme de tournoi (basket, volley) ou de rassemblement (VTT, randonnée pédestre).
  • Des séjours de rupture à caractère sportif. Durant ces séjours les activités proposées sont des sports de pleine nature.

Le service des sports, au travers des activités thérapeutiques physiques et sportives (ATPS), prend en charge toute la population de l'hôpital, sans exception.
La notion de compétition est absente. Ici, le sport est utilisé comme support thérapeutique entre le patient et le soignant, entre le patient et le groupe, ainsi que vis-à-vis de lui-même et de l'activité.
Ce même sport est aussi un support important dans la prise en charge globale de la personne âgée hospitalisée en psychiatrie. Bien dans sa tête, bien dans son corps, mais aussi mieux dans son corps, mieux dans sa tête.

Les domaines de travail

Pour les personnes âgées, le mot "sport" s'entend comme activité physique adaptée et une rééducation corporelle. Mais les activités physiques doivent, aussi et surtout, servir à préserver, maintenir, évaluer et développer un potentiel physique afin de favoriser l'autonomie du patient.

On reconnaît de nombreuses vertus aux activités physiques chez la personne âgée.

Au niveau corporel

  • Ralentissement du vieillissement
  • Maintien de la forme
  • Amélioration des capacités cardio-pulmonaires, etc.

Au niveau psychologique

  • Diminution du stress
  • Action sédative et de bien être.

Il est clair que, excepté certaines contre-indications médicales précises et spécifiques, les activités physiques adaptées sont tout à fait compatibles et même souhaitables avec la prise en charge médicale de la personne âgée.

Nous travaillons essentiellement selon trois axes.

Le premier axe est un travail principalement corporel faisant appel à

  • l'équilibration statique et dynamique
  • la coordination
  • la vitesse de réaction
  • l'adresse gestuelle, le contrôle visuel
  • la dissociation.

En fait, nous faisons appel à la maîtrise du corps par rapport à autrui, aux objets, à soi-même et à l'espace.

Exemple de séance :

  • parcours moteur/équilibre
  • parcours sur les lignes du gymnase
  • séance en miroir
  • jeux de ballon.

Le second axe est celui des facultés mentales. Elles s'altèrent avec l'âge et les différentes pathologies. Nous faisons appel aux différentes mémoires (visuelle, auditive, immédiate). Mais nous essayons également de capter l'attention, de développer la capacité de concentration et le sens de l'observation.
Exemple de séance : au cours d'une séance, nous observons souvent un "temps calme" (nécessaire ou indispensable pour certains). Ce laps de temps est dédié à un exercice de mémoire tel la reproduction d'un rythme entendu par écrit...

Un troisième axe essentiel est la communication soignant/soigné ou patient/patient. Avec les personnes âgées, le support ludique est de loin le plus intéressant. En effet la personne âgée ne joue plus ou très peu. Pourtant jouer, libère des énergies inutilisées et suscite un plaisir indubitable qui entraîne le plus souvent un contact verbalisé ou non. Le jeu est un excellent support tant au niveau physique que psychique. Il doit avoir des règles simples compréhensibles pour tous.
Exemple : jeux de quilles (règles simples, jeu calme, visuel). Il permet de travailler l'adresse et la coordination . De plus, compter les quilles, se souvenir de son score et cumuler les scores sont des apports sur le plan cognitif. La bonne humeur et la discussion débutent souvent après un jeu.

Les relations avec les différentes unités

Hormis le savoir-faire du service des sports, il est primordial de développer le faire savoir. Longtemps, certaines équipes ont travaillé isolement. Aujourd'hui il est temps que cet ensemble d'actions se synergise et que chacun prenne en compte l'avant et l'après de son action. Depuis plusieurs années, un travail de recherche dans cette direction est effectué au service des sports (notamment avec l'élaboration de règles de conduite ou de protocoles de sécurité pour les activités de pleine nature). Cette démarche, certes naissante, a dépassé le stade de la conception et se situe aujourd'hui au niveau de la mise en place ou de l'évaluation. Cette mise en place n'est pas toujours aussi rapide que le souhaiteraient les acteurs, car elle vient souvent bouleverser des habitudes, mais elle apparaît obligatoire car elle s'inscrit dans une démarche qualitative et dans un processus d'accréditation.

A ce jour sept documents types ont été mis au point et sont, pour certains, déjà utilisés depuis plus d'un an. Certaines fiches sont très simples comme

  • la fiche de prescription : le médecin détermine en accord avec le patient, l'équipe et le service des sports les indications d'activités sportives à visée thérapeutiques;
  • la fiche d'accueil du patient : le patient doit être présenté par l'équipe à travers une brève anamnèse;
  • la fiche de séance : (poly, pédopsy, gérontopsy.) est faite en début de cycle afin de déterminer les objectifs et les moyens mis en place pour les atteindre;
  • les autres fiches : fiche d'observation et de transmission, fiche de liaison et de synthèse.

Tous ces documents ont été élaborés par le service des sports. Mais le plus important est le guide d'évaluation individuelle conçu en collaboration avec d'autres services de sports d'hôpitaux spécialisés de la région Paca sous l'égide de l'association "Sport en Tête". Ce guide est une aide non négligeable sur la manière de rédiger des observations et d'utiliser un vocabulaire plus ciblé. Ces documents sont en cours d'évaluation et sont destinés à évoluer. Ils nous permettront d'améliorer le passage des informations entre les services, en particulier pour les services des personnes âgées. En effet certains de ces patients présentent de grandes difficultés pour communiquer verbalement. De plus les services de gérontopsy ont souvent des demandes spécifiques (notamment : travail de l'équilibre, de l'orientation, de la mémorisation...).

Pour le devenir de ces activités et surtout pour que les différents acteurs de soins puissent exploiter au mieux le travail du service des sports, il est nécessaire, au delà des supports papier précités, de développer les actions communes. Notamment en privilégiant la notion de référent (par rapport au patient et/ou par rapport à l'activité). Ceci permettra certainement une meilleure implication de l'équipe dans l'activité. (Voir emploi jeune, option auxiliaire de vie aux Ortolans). Mais aussi en organisant régulièrement des réunions de synthèse, ouvertes au service des sports (ce qui est déjà effectif bien que de manière ponctuelle), mais également à des intervenants qui voient les patients hors du cadre de l'unité de soins. De plus, notre service à peut-être tout intérêt à envisager une démarche de formation, afin que puissent être reprises, voire optimisées, des activités physiques et sportives adaptées au sein des unités, de la même manière que l'art thérapie, très bien développée dans notre établissement où des stages sensibilisent les soignants.

Nous sommes convaincus qu'en utilisant les ATPS comme support auprès des personnes âgées, nous arrivons à susciter des changements, certes modérés mais très utiles car ils entraînent un élargissement et une amélioration du champ relationnel de ces patients tout en participant au maintien de leurs capacités physiques.

Gilbert Savi

Service des sports du C.H. Henri Guérin
juin 2001

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